Roberto Zucco

Roberto Zucco

Roberto Zucco.

Le personnage principal donne son nom à la pièce. Roberto Zucco c’est une pièce de théâtre écrite par Bernard-Marie Koltès en 1988, elle sera sa dernière pièce, écrite en urgence car celui-ci est atteint du sida et en mourra l’année suivante.
Cette pièce est inspirée d’un fait divers de la même époque, de l’histoire d’un tueur en série dont le nom n’est presque pas modifié : Roberto Succo.
Succo est italien, c’est un tueur fou, il a tué son père et sa mère à l’âge de dix-neuf ans, s’est fait interner mais a réussi à s’évader. Il enchaîna par la suite les meurtres, il passa par l’Italie, la France et la Suisse. Roberto Succo c’est un homme qui a tenté de s’enfuir de sa prison par les toits. C’est un tueur en série hors-normes qui ne sera jamais condamné. C’est un homme qui se suicidera avant d’avoir pu être jugé.

Pourquoi écrire une pièce avec un personnage éponyme inspiré d’un tueur en série contemporain ?
Ce fut une rencontre fortuite, un regard jeté sur une affiche dans le métro qui déclencha la création. Koltès, en voyant le visage de cet homme recherché dans plusieurs pays, est fasciné. Il décide alors d’écrire une pièce de théâtre avec son personnage éponyme : Roberto Zucco, un tueur fou, un Samson ou un Goliath des temps modernes, une figure du meurtrier sans motif, figure ambivalente de celui qui tue sans rage.
Koltès écrit cette pièce alors qu’il se sait atteint du Sida, il est encore jeune.
Cette pièce sera sa dernière et sûrement le sait-il, alors peut-être s’identifie-t-il à ce personnage, dont la brève trajectoire lui rappelle la sienne ?

Cependant la pièce ne gravite pas qu’autour du seul personnage de Zucco. Un autre personnage le concurrence par son importance, et nombreux sont les personnages qui ne peuvent exister sans Zucco, mais sans lesquels Zucco ne peut exister.
Cette pièce, c’est l’histoire d’un tueur à l’image d’un héros mythique, c’est un personnage qui traverse la pièce comme son homonyme a traversé l’Histoire, c’est un personnage qui agit mais ne s’explique pas, c’est Roberto Zucco.

Roberto Zucco est une pièce ayant été mise en scène de nombreuses fois mais qui pose des problèmes moraux  selon le contexte de sa représentation : elle a été écrite très peu de temps après les agissements de Succo et sa représentation à ce moment là a pu être perçue comme révoltante pour les familles des victimes. De plus, dans un contexte d’attentats comme aujourd’hui cette question continue alors de se poser : cette pièce est-elle une apologie et une glorification de la violence et du meurtre ? Est-il moral de la mettre en scène dans un contexte aussi sensible ?
Mais cette pièce est-elle réellement cela, une glorification du meurtre et du meurtrier, comme certains tendent à l’affirmer ?
Il ne tient qu’à vous d’en juger.

Koltès définit ainsi son œuvre: « Un trajet invraisemblable, un personnage mythique, un héros comme Samson ou Goliath, monstres de force, abattus finalement par un caillou ou par une femme »